Cette œuvre unique établit une synthèse de la nouvelle image impériale. Dans une volonté de continuité avec l’ancien régime, tout en y apportant l’idée d’un changement de pouvoir, Napoléon fixe les contours d’une iconographie le sacrant empereur.

De la tradition de la monarchie, il retient la composition des portraits officiels royaux en costume de sacre comme la main de justice, insigne du pouvoir royal utilisé lors du couronnement depuis le XIIIe siècle. Mais de nouveaux éléments viennent indiquer une évolution.

Le caractère impérial est souligné par les références à deux empires : Carolingien et Romain, dans lesquels veut s’ancrer le pouvoir naissant. Clairement exprimé par Napoléon, qui s’exclame lors du Sacre : « Je n’ai pas succédé à Louis XVI, mais à Charlemagne », la rupture avec l’ancien régime est signalée par la nouvelle couronne forgée par Biennais dite de Charlemagne. L’aigle également renvoie à un symbole à la fois carolingien et romain. En effet, attribut de Jupiter, le rapace a été l’insigne de la Rome des césars. Cette affiliation à l’Empire romain s’observe également à travers la couronne triomphale portée par le monarque.

En plus de ces références savamment choisies afin de convoquer ces deux empires historiques, Napoléon complète cette image par des éléments propres à la future dynastie qu’il entend établir. Le collier de la Légion d’honneur (dont la dénomination rappelle l’armée romaine) qu’il arbore indique un nouveau système de valeurs institué par l’Empereur. À cela s’adjoint un emblème graphique puissant (ressemblant habilement à la fleur de lys) : l’abeille.

Tous ces éléments chargés d’un sens précis contribuent à la création d’un nouveau vocabulaire iconographique qui sera repris dans toutes les représentations du souverain et diffusé dans toute l’Europe.